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Le radicalisme: comment aider les proches?

 

Auteur: Jean-Claude Maes

 

Chapitre 1. Il n’y a pas un «radicalisme», mais plusieurs formes de radicalisations

 

Le radicalisme est une véritable nébuleuse mélangeant au moins quatre vécus très différents: le fondamentalisme religieux, la radicalisation politique, le sectarisme «à alibi musulman» et la psychopathologie. Démêler ces différents aspects s’avère un premier pas indispensable à la sortie des polémiques stériles qui tendent à envahir les tribunes politiques et les médias.

 

Chapitre 2. Causalités des radicalisations

 

On ne peut expliquer le sectarisme, l'intégrisme ou le «radicalisme» ni à partir des seuls individus, ni à partir des liens, des groupes ou des sociétés: ces quatre dimensions sont forcément articulées, intervenant dans des proportions diverses qu'il convient, si l'on désire aider les proches, d'évaluer au cas par cas.

 

Chapitre 3. La quête identitaire I. Qu'est-ce que l'emprise?

 

Chaque fois que l'identité d'un individu est mise en danger, il se met en quête du «pouvoir» et/ou du «savoir» qui lui permettront de se consolider et de retrouver le sens de sa vie. Il pourra alors se trouver qu'un «recruteur» lui propose un «prêt-à-porter» identitaire qui exercera sur lui, dans un premier temps, une grande séduction, et le motivera à se soumettre à l’autorité du «recruteur» et, derrière celui-ci, d’un groupe qui va s’avérer déviant. Il y a, littéralement, vice de consentement.

 

Chapitre 4. La quête identitaire II. Le concept de co-dépendance appliqué au «radicalisme»

 

Nous constatons de façon récurrente qu'un certain nombre de proches de l'adepte sont tellement obsédés par ce qui arrive qu'ils négligent d'autres aspects de leur vie. Il en découle qu'ils adoptent des comportements qui leur semblent de bon sens mais dont il est évident, pour l'observateur extérieur, qu'ils nourrissent involontairement l'emprise du «recruteur» et/ou du groupe.

 

Chapitre 5. Qu'est-ce qu'un traumatisme?

 

Nous dénombrons quatre types de traumatismes, correspondant à quatre catégories de causes : par usure, par coupure, par pression et par tension. Dans les situations d'emprise pathologique, on peut repérer trois types de victimes: les adeptes, victimes qui s'ignorent telles parce qu'elles croient vivre un progrès personnel; les proches de l'adepte, qui disent être confrontés à un étranger; et les ex-adeptes, qui ressentent un mélange de deuil, de culpabilité et de honte.

 

Chapitre 6. Clivage et emprise

 

De façon normale, les individus gèrent leurs angoisses et leurs conflits intérieurs en mettant en place des «mécanismes de défense» intrapsychiques. Face au traumatisme, toutes les défenses échouent, sauf le clivage qui, d’une certaine façon, coupe la perception en deux. Comprendre les ressorts de ce mécanisme permet également de concevoir comment et pourquoi l'identité de l'adepte change «du tout au tout, du jour au lendemain».

 

Chapitre 7. Les enfants du «radicalisme»

 

Les enfants qui grandissent dans des contextes «radicalistes» peuvent, pour évoquer les deux extrêmes, être soit abandonnés à eux-mêmes, soit précocement formatés comme dans «Jesus Camp», mais dans tous les cas de figure, les parents sont plus loyaux au groupe qu'à leur famille. Le devenir de ces enfants dépendra essentiellement de la capacité des parents à mener une double vie c'est-à-dire de présenter un visage au groupe, un autre à leurs enfants. Le rôle de membres de la famille extérieurs au groupe peut s'avérer crucial.

 

Chapitre 8. Prévention des radicalisations

 

L'expérience montre que nommer le danger ne suffit pas. Cela peut même s'avérer contre-productif, tant l'image qu'on se fait des «gourous» et autre manipulateurs est caricaturale, correspond peu à la réalité de terrain. Il importe donc, plutôt, d'une part de s'intéresser aux manques que le «recruteur» prétend combler, et d'autre part d'aborder sans tabou les «maladies» de la démocratie, ce qui, in fine, est le chemin le plus court pour éduquer les jeunes à la citoyenneté.

 

Chapitre 9. Travailler sur soi-même pour aider les autres

 

Il ne faudrait pas croire que les intervenants, sous prétexte qu'ils sont «à distance» du problème, ne sont pas concernés par le risque de co-dépendance. Ils le sont ne serait-ce que parce que les radicalisations disent quelque chose de la société dans laquelle nous vivons. Pour en donner un premier exemple, la montée du racisme et celle du «radicalisme» se répondent en miroir, dans un cercle vicieux qu'il serait urgent d'essayer d'enrayer.

 

Chapitre 10. Une stratégie légaliste

 

Sur certains points, les interdictions de la société entrent en conflits avec les obligations du groupe. Ce qui est tout à fait typique de ce que nous identifions comme une «logique de guerre»: par exemple, un même fait qui sera qualifié, en temps de paix, de meurtre, sera considéré, en temps de guerre, comme un acte de bravoure. Explorer cette dimension des radicalisations permet aux proches de l'adepte de passer d'une position de co-dépendance à une forme de «légalisme» qui s'avère thérapeutique pour toute la famille. 

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