Formation qualifiante à la psychothérapie de l’emprise
et/ou à la prévention des polarisations et des radicalisations
Edition 2024
Objectifs et accès :
Jean-Claude Maes défend un modèle de thérapie de l’emprise qui a fait ses preuves en aide aux victimes de sectes et de perversion narcissique, et s’avère très transposable à la prévention des polarisations et des radicalisations (politiques et religieuses). À dire vrai, on pourrait, sans forcer le trait, voir les sectes comme une catégorie de groupes radicalistes, et la perversion narcissique comme une forme de polarisation de l’intime. On pourrait également évoquer, en la matière, les violences physiques et morales, les perversions sexuelles et narcissiques, l’inceste et l’incestuel, etc. Les usagers ne s’y trompent pas, si l’on considère le nombre d’entre eux qui, au fil du temps, ont contacté SOS-Sectes alors qu’ils n’étaient concernés par aucun groupe sectaire.
Coût de la formation :
Ce modèle de thérapie de l’emprise, nous avons la possibilité, grâce à une subsidiation par Bruxelles Prévention & Sécurité, de le transmettre aux travailleurs de terrain intéressés, pour certains d’entre eux à titre gratuit. Les conditions sont celles-ci:
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La personne candidate doit pouvoir se justifier d’un minimum de formation et/ou d’expérience donnant à penser qu'elle sera capable de suivre le cursus.
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Elle doit appartenir à une association ou un service bruxellois l'amenant à intervenir au moins occasionnellement en prévention des polarisations et des radicalisations.
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Un entretien préliminaire est destiné à opérer une sélection des candidatures sur base de l’adéquation de l’offre et de la demande: sommes-nous vraiment en mesure de répondre aux attentes de la personne candidate?
D’autres candidatures sont susceptibles d’être acceptées, cette fois à titre payant (750,00 euros les quinze journées de formation). Un CV et un entretien préalable, ainsi qu’une discussion en équipe sur la composition du groupe de formation, décideront de l’acceptation, du report ou du refus des candidatures.
Nous parlons de «formation qualifiante» dans la mesure où nous effectuons une sélection des candidatures, mais aussi et surtout parce que nous prévoyons une épreuve de qualification qui prendra la forme d’un TFE. Il sera également exigé un taux de présence de 80% minimum. Voici le contenu de la formation, qui est susceptible d’évoluer en fonction des besoins des participants mais dont nous pouvons d’ores et déjà garantir un fil rouge.
Horaire et lieu :
De 9h00 à 12h30 et de 13h30 à 16h30
Rue Coenraets, 66 - 1060 Bruxelles (Saint-Gilles)
Détail du programme :
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Journée 1 : le mercredi 10 janvier 2024. Qu'est-ce que l'emprise?
Il existe une «emprise fonctionnelle» et une «emprise déviante» (Eiguer, 1989), une «emprise consensuelle» et une «emprise non-consensuelle» (Perrone et Nannini, 1995), une «emprise de vie» et une «emprise de mort» (Ferrant, 2001), etc. La matinée s’attachera à préciser ces nuances et leurs implications cliniques, puis posera la notion de polarisation à travers plusieurs exemples: les différences de races, de classes et de genres, dont on verra qu'elles peuvent se recouper.
L'après-midi sera dédiée à la supervision clinique. Il sera donc demandé aux participants d'avoir préparé des présentations de cas issus de leur pratique professionnelle, de préférence illustrant leur motivation à participer à cette formation.
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Journée 2 : le mercredi 31 janvier 2024. De polarisation en radicalisation
Cette deuxième matinée sera consacrée à l’ambiguïté du concept de radicalisation et s’attachera à dresser une «carte» de la nébuleuse radicaliste. On verra alors qu’une approche effective des phénomènes psychologiques et sociaux nécessite de s’extraire de nos habitudes de pensée pour laisser apparaître les individus, les liens, les groupes et les collectivités, à la fois dans toute leur singularité et dans la façon dont ces quatre «espaces psychiques» (Kaës, 2015) s’articulent.
L'après-midi sera consacrée au visionnage et à l'analyse serrée d'un film illustrant le concept d'acculturation.
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Journée 3 : le mercredi 21 février 2024. Causalités individuelles
Nous examinerons les différents profils psychologiques en présence: «gourous» et «adeptes», «maîtres» et «disciples», «harceleurs» et «harcelés», etc. Mais pas seulement, car ces «partenaires» ne sont jamais tout à fait seuls, sont entourés d'un certain nombre de «complices». Nous verrons qu'il n'y a pas à proprement parler de «pervers narcissiques», mais un continuum de personnalités narcissiques incapables de nouer des liens sans chosifier l'autre.
L'après-midi sera dédiée à la supervision clinique. Il sera donc demandé aux participants de préparer des présentations de cas issus de leur pratique professionnelle, de préférence illustrant les causalités individuelles.
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Journée 4 : le mercredi 13 mars 2024. Causalités interpersonnelles
Il sera question, autour du mythe d'Echo et Narcisse, du profil psychologique de ces deux personnages, mais aussi et surtout de leurs relations, sachant qu'il est presque impossible de bien comprendre les enjeux des dérives de l'emprise sans le concept de clivage, mais que sa définition est sujette à polémiques. Cette quatrième matinée de formation servira à les dépasser de façon à ouvrir des perspectives et diagnostics thérapeutiques. Sachant que l’antidote du clivage est le lien...
L'après-midi sera consacrée au visionnage et à l'analyse serrée d'un film illustrant le concept de perversion narcissique. Il s'agit par ailleurs d'une illustration de dérive de l'emprise dans le couple.
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Journée 5 : (le mercredi 3 avril 2024) remplacée par le mercredi 27 mars 2024. Causalités groupales :
Qu’il s’agisse de radicalisation ou d’autres formes d’embrigadement et plus généralement de dérives de l’emprise, il n’y a jamais une seule cause, mais un faisceau de causes qui, de plus, sont de natures parfois très différentes. On ne peut réduire l’emprise ni à une pulsion (celle de l’empriseur et/ou celle de l’emprisé) ni à une relation comme le suppose R. Dorey (1981), il faut au minimum s’intéresser à la groupalité sur laquelle elle s’appuie et au contexte social-historique qui en structure les formes.
Les groupes se construisent sur des mythes, des règles, des rituels et des rites de passage. Ces quatre niveaux de construction seront examinés un par un, toujours en termes d’emprise et de dérives de l’emprise, sachant que la vie groupale n’est jamais un long fleuve tranquille mais que certains s’adaptent à leur contexte, d’autres semblent revendiquer que le contexte s’adapte à eux.
L'après-midi sera dédiée à la supervision clinique. Il sera donc demandé aux participants de préparer des présentations de cas issus de leur pratique professionnelle, de préférence illustrant les causalités groupales.
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Journée 6 : le mercredi 24 avril 2024. Les étapes de l'embrigadement
On décrit classiquement trois étapes de l'embrigadement sectaire, par exemple en termes de «séduction», «destruction du moi» et «fausses promesses». Ces étapes valent pour toutes les dérives de l'emprise et seront détaillées à travers de nombreuses illustrations.
L'après-midi sera dédiée à la supervision clinique. Il sera donc demandé aux participants de préparer des présentations de cas issus de leur pratique professionnelle, de préférence illustrant l'embrigadement sectaire, mais à défaut toute situation de dérive de l'emprise illustrant ces étapes.
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Journée 7 : le mercredi 15 mai 2024. La quête identitaire
Un grand nombre de jeunes radicalisés sont motivés par une quête identitaire que le recruteur pervertit. C’est également le cas dans les groupes sectaires et dans d’autres configurations de dérive de l'emprise. Le schéma actantiel, un outil narratologique, semble particulièrement apte à rendre compte des quêtes identitaires et de leurs perversions et est susceptible de mettre à jour des destins alternatifs, et de semer la graine du désengagement.
L'après-midi sera consacrée au visionnage et à l'analyse serrée d'un film illustrant les concepts de radicalisation et de déradicalisation. Il s'agit par ailleurs d'une illustration de dérive de l'emprise dans un groupes de pairs.
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Journée 8 : le mercredi 5 juin 2024. Supervision de cas I
Il sera demandé aux participants de présenter des situations d’emprise pathologique à l’aide des outils étudiés précédemment. Ce sera l’occasion à la fois de vérifier leur bonne compréhension des concepts, de superviser la prise en charge des cas présentés et de préciser les outils d’intervention.
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Journée 9 : le mercredi 26 juin 2024. Causalités collectives
Les collectivités (sociétés, communautés, etc.) se construisent de façon analogue aux groupes, mais la question se pose, en ces temps post-modernes se caractérisant entre autres, en Occident, par une forte déritualisation, à la fois de ce qui assure leur stabilité, et de ce qui leur permet d’évoluer.
L'après-midi sera dédiée à la supervision clinique. Il sera donc demandé aux participants de préparer des présentations de cas issus de leur pratique professionnelle, de préférence illustrant les causalités collectives, par exemple en rapport avec les stéréotypes de genre.
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Journée 10 : le mercredi 4 septembre 2024. Emprise et traumatisme
Il sera question, pendant cette séance, de traumatisme et de résilience. Jean-Claude Maes proposera un élargissement de ces notions qui permette de repérer toutes les «victimes», afin de pouvoir les accueillir comme telles, de sentiment en délire et de statut en identité. On abordera en conclusion de cette proposition la notion de «traumatisme collectif».
L'après-midi sera consacrée au visionnage et à l'analyse serrée d'un film illustrant les concepts de syndrome de Stockholm et de résilience. Il s'agit par ailleurs d'une illustration de dérive de l'emprise dans la famille.
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Journée 11 : le mercredi 25 septembre 2024. Prévention des dérives de l’emprise
On l’oublie souvent, la médecine définit quatre niveaux de prévention: le niveau primaire arrive avant l’apparition des symptômes; le secondaire vise à un premier diagnostic et à la mise en place de comportements susceptibles de stopper le développement de la problématique; le ternaire vise à empêcher les rechutes; le quaternaire (le grand oublié en matière psychosociale) concerne les différentes déclinaisons du deuil.
L'après-midi sera dédiée à la supervision clinique. Il sera donc demandé aux participants de préparer des présentations de cas issus de leur pratique professionnelle, de préférence illustrant des aspects de la prévention qui n'auraient pas encore été abordés.
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Journée 12 : le mercredi 16 octobre 2024. La psychothérapie de l’emprise
Elle est pertinente à deux niveaux. D’une part avec les proches de la personne sous emprise (jeune radicalisé, adepte de groupe sectaire ou de «secte à deux», victime d’inceste, etc.) qui auront non seulement à repérer leurs comportements contre-productifs pour les corriger, mais aussi et surtout à mettre en place les positionnements susceptibles de favoriser le «déclic de la sortie». D’autre part avec les «ex-adeptes» (jeunes «déradicalisés» ou en voie de «déradicalisation», «exclus» de groupes sectaires, ex-conjoints confrontés au risque d’aliénation parentale de leurs enfants, etc.) pour identifier ce que Jean-Claude Maes appelle les «reliquats d’emprise» et les aider à retrouver le sens de leur quête.
L'après-midi sera consacrée au visionnage et à l'analyse serrée d'un film consacré aux dérives d'extrême-droite. Il s'agit par ailleurs d'une illustration de dérive de l'emprise en milieu scolaire.
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Journée 13 : le mercredi 6 novembre 2024. Supervision de cas II
Même principe que «Supervision de cas I».
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Journée 14 : le mercredi 27 novembre 2024. Présentation des travaux de fin d’étude I
Il sera demandé aux participants de fournir un TFE et de le présenter oralement.
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Journée 15 : le mercredi 18 décembre 2024. Présentation des travaux de fin d’étude II
Suite et fin de la présentation des TFE.
Formateur :
Jean-Claude Maes, psychologue, thérapeute familial systémique, auteur de nombreux ouvrages dont «Liens qui lient, liens qui tuent» ou «Se protéger du radicalisme»